Kama-iri cha de Takachiho, Miyazaki, cultivar Minami-Sayaka


Hasard puis relations humaines entre des passionnés de thé m'ont permis de mettre la main pour Thés du Japon sur des thés du département de Miyazaki.

Sur l'ile de Kyushu, au nord-est de Kagoshima, Miyazaki n'est à priori pas une célèbre région productrice de thé. Proposez du thé de Miyazaki à un Japonais, il vous tirera une drôle de tête. Il faut dire que ce département est plutôt connu pour ses mangues et son bœuf. Pourtant, il s'agit de la 4eme région productrice de thé du Japon. On en produit même plus qu'à Kyôto ou Fukuoka (Yame). C'est même une région très en avance sur l'utilisation de nombreux cultivars autres que Yabukita. On y produit évidement principalement du sencha, du tamaryoku-cha, mais aussi du kama-iri cha. Miyazaki est même le plus important producteur de ce type de thé au Japon, avant même Ureshino (dép. de Saga). 

Je suis très heureux de pouvoir présenter ce kama-iri en provenance, plus exactement, de Takachiho 高千穂 un haut lieu du kama-iri.  J'ai "rencontré"ce thé il y a quelques semaines à Shizuoka (!) au "cha-café" Chakûkan. Rentré chez moi, je goûte, et je tombe amoureux, et puis, je l'ai dit au début du billet, une connaissance en amène à une autre, etc.

Pour dire vrai, je n'étais guère satisfait du mon kama-iri de Ureshino 2010, si bien que je n'en ai pas repris pour 2011. Mais celui-ci se chauffe d'un tout autre bois.

Le travail des feuilles sèches n'est pas au niveau des standards de ce type de thé lors des concours, bien que la couleurs soit jolie, ces feuilles laissant apparaître un léger effet blanchâtre dû au frottement lors du chauffage/malaxage dans la cuve en fer. Aussi, elles ne sont pas aussi joliment entortillées que l'exigerait les jurés des compétitions, mais à la différence des thés japonais étuvés comme le sencha, l'aspect des feuilles du kama-iri cha est parfois trompeur et ne saurait en dire beaucoup sur la qualité gustative du produit. Ce qu'on lui demande c'est le fameux parfum "kama-ka". Et ce kama-iri cha, obtenu avec le cultivar encore rare Minami Sayaka, n'est pas en reste à ce niveau.

En fait, j'ai eu quelques infusions du tonnerre, splendide parfum, en finesse, de châtaigne, et de yaki-imo (patate douce grillée au feu de bois), mêlé d'un je ne sais quoi sucré. Puis, plus rien, impossible de faire ressortir cela correctement. Je pense que je me suis mis à manquer de spontanéité, à trop penser à la température de l'eau, qui doit être, dit-on, relativement chaude, plus que pour un sencha. Oui, mais, pas assez refroidi, bizarrement, les arômes s'effacent, et je pense qu'il reste préférable de descendre un peu en dessous des 80°C. Aussi, très important, pas mal doser : pour un 70ml d'eau, 6g ne sont pas de trop. Je retrouve mon parfum ! Utilisez une petite théière en terre, juste à la bonne taille, et après avoir versé, soulevez le couvercle pour profiter du parfum des feuilles encore fumantes !
La liqueur, translucide et pure, présente une saveur légère, sans astringence, douceur subtile, aérien et rafraichissant. La liqueur descend dans la gorge avec la plus grande des fluidités. Enfin, elle laisse en bouche un délicat arrière goût de patate douce grillée.

Je suis donc vraiment ravi de pouvoir proposer des thés de Miyazaki, un kama-iri cha qui donne une bonne idée du fameux parfum "kama-ka" dont manque nombre de kama-iri cha, et j'espère pouvoir en proposer d'autres, aussi bons, meilleurs encore même, en 2012.

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