Thé noir Kôshun de Ashikita

Cela fait un siècle et demi que le Japon a commencé à produire du thé noir (ou thé rouge si l'on traduit littéralement le terme kôcha (jp) hongcha (ch) 紅茶). Le Japon n'a pourtant pas l'image d'un pays producteur de thé noir, il faut dire que jamais cette entreprise ne fut vraiment couronnée de succès. Pourtant, alors que cette production s'est éteinte dans le année soixante, elle semble renaître dans les année 90, mais s'est surtout depuis quelques que les choses se sont accélérées. D'une manière générale peu convaincants encore au début des années 2010, on a l'impression de voir le niveau augmenter d'année en année, avec des thés qui soient en même temps de bons thés noirs et présentent une vraie "personnalité japonaise" (je veux dire qu'à terme, faire des thés noirs trop identiques aux thés noirs étrangers, même de très haut vol n'a guère d'intérêt). En effet, de plus en plus de producteurs étudient sérieusement la fabrication du thé noir, et sont depuis quelques années épaulés par un certains nombre de spécialistes du thé chinois ou indien (ayant une vraie expérience du terrain), leur apportant de très précieux conseils. Ces producteurs sérieux comprennent l'importance d'avoir des plantations dédiées au thé noir, et non pas partager entre une production de thé vert en 1ère récolte puis de thé noir en seconde récolte (en d'autre terme fabriquer du thé noir pour faire un travail de qualité, quelque soit le résultat réel, et non pas faire du thé noir seulement parce que le thé vert ne se vend plus). En effet, les engrais essentiels pour les thés verts (surtout étuvés) sont une gène pour les thés devant être flétris puis oxydés.
Ainsi, bon an mal an, on trouve des thés noirs japonais intéressants, excellent parfois même.
Issu du cultivar aujourd'hui très rare Benihomare (premier cultivar japonais à thé noir, sélectionné depuis les variété inzatsu de Tada Motokichi créés à partir des graines de Assam ramenées au Japon en 1876), Benifûki est le cultivar le plus célèbre et largement utilisé. Celui de M. Kajihara de Ashikita (Kumamoto) est l'un de mes favoris, et j'espère que 2017 nous en donnera encore un bon cru. Pourtant, certains cultivars à thé vert peuvent faire de très bons thés noirs, comme c'est le cas de cet autre thé du même M. Kajihara, cultivar Kôshun, issu d'une récolte d'été cette fois.
Avec ce type de thé noir aux feuilles larges et entières, je préfère procéder par infusions multiples, avec peu d'eau. Donc pas trop longtemps pour la 1ère infusion, 40-60 s.

Parfum de fruits confits, abricot, coing, pruneau, mais aussi parfum plus floraux évoquant l'amande amère, rappelant ainsi le cultivar Kôshun.
En refroidissant apparaissent des senteurs plus fraîches, plus toniques, mais aussi des notes très légères de vieux cuir. C'est le pôle floral qui semble prendre de dessus à partir de la 2ème infusion lorsque l'on prépare en plusieurs fois.
On a là un thé plutôt léger en bouche, peu tannique, doux mais pas douceâtre. Ce kôshun s'exprime plus par les retours que par l'attaque directe,  La liqueur est toujours très fluide et velouté, si bien que c'est un thé noir que l'on ne peut s’empêcher de boire d'une traite, sous le charme de ses doux arômes.

Si ce thé noir Kôshun de Kumamoto reste un cran en dessous du Benifûki de printemps du même producteur, il n'en reste pas moins très agréable, très aromatique, et peut être plus encore typiquement "japonais".

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