Genmaicha de Hon.yama


Après un excellent kuki-cha la semaine dernière, place aujourd'hui à un autre thé de "genre mineur", le genmaicha. Si le genmaicha n'est pas un "demono", il s'agirait plutôt d'un thé parfumé, en quelque sorte. A un thé vert japonais, sencha ou bancha, on ajoute des grains de riz grillés. ("genmai" ne désigne pas le riz grillé, mais le riz complet, brown rice en Anglais. Néanmoins, dans la plupart des cas, il s'agit en réalité de riz blanc grillé)
Comme les "demono" ou encore le hôji-cha, le genmaicha est considéré comme un thé bas de gamme, à consommer en grosse quantité. C'est bien souvent le cas, alors que sont utilisés comme base des sencha de faible qualité, troisièmes récoltes ou bancha.

Pourtant au même titre que n'importe quel thé, si l'on utilise un matériau de qualité, on peux en faire un thé gourmet des plus délectables.

C'est la cas avec ce genmaicha de Hon.yama (Shizuoka). Riz et thé sont produits à Ushizuma par le même agriculteur, M. Shigeta. Si certains sont familier avec ce nom c'est qu'il s'agit du producteur du sencha cultivar Yamakai, sans pesticide de Takayama.
Il s'agit pour le genmaicha du cultivar Yabukita (je ne suis pas certain que les saveurs de Yamakai fassent bon ménage avec celles du riz grillé), un sencha de montagne de première récolte.
Riz et thé sont tout deux cultivés sans pesticides ni engrais chimiques dans les conditions du bio.

Le résultat, ce très joli genmaicha, où l'orangé du riz grillé contraste avec le vert profond des aiguilles soigneusement travaillées du sencha.

 Le parfum de ce "thé", des feuilles et grains de riz secs, est merveilleux. Très frais, doux, il me semble y voir une dominante des parfums soyeux, vert et frais du thé, mis en relief par les notes gourmandes du riz grillé. Le tout est légèrement sucré, extrêmement appétissant.

J'utilise 4g de thé pour 100ml à 90°C.
Dans la tasse, le parfum est d'abord celui du riz grillé. Ce parfum est net, mais pas poussif. En fond, il y a des arômes plus ronds, à la fois ceux du riz cuit, et ceux du thé, vert et sucré.


En bouche, on ressent d'abord le thé. Une saveur de sencha léger et aérien, sans astringence, frais et doux. Puis c'est le riz grillé qui se développe alors et enveloppe la bouche. Ces arômes céréaliers ont bien sûr quelque chose de noisettes ou d'amandes grillées. Ils possèdent une étonnante profondeur, et surtout, je les trouve très "propres".
Ces arômes gourmands du "genmai" s'expriment tout de suite fortement dans la gorge, avec un agréable retour dans les fosses nasales. Ensuite, dans l'after, on retrouve un équilibre avec le thé, dont la douceur, un peu vanillée, s'installe peu à peu en bouche.

On tire une excellente deuxième infusion de ce genmaicha. Toujours aucune astringence, le goût est peut être légèrement en retrait, mais on garde une liqueur aérienne très rafraîchissante, très agréable, et toujours aussi parfumée. 


Plus encore que l'équilibre entre riz et sencha, c'est la "propreté" des saveurs de chacun qui me frappe dans ce thé. En effet, malgré 1 minute d'infusion à plus de 90°C, aucune astringence ou autre saveur indésirable ne semble sortir du sencha. Et pour en revenir au riz, même après avoir refroidi dans la théière, il ne reste qu'un fort mais délicieux parfum, alors que certain genmaicha laissent parfois des odeurs d'humidité un peu sale.

Au final, je dirai que ce genmaicha est dominer par les arômes du riz grillé, sans que ceux-ci ne soient pour le moins grossier ou écœurant, au contraire, ils sont forts mais fins, ils mettent en appétit, me faisant penser que ce genmaicha conviendrait à merveille en apéritif, plutôt qu'après le repas. Néanmoins, les arômes du sencha apparaissent aussi toujours en arrière-plan, comme une sorte de très fin et précieux canevas.

Je n'ai jamais été un fanatique du genmaicha, mais j'adore celui-ci, et j'espère que mon chemin croisera d'autre genmaicha de cette trempe.

Hôhin Bizen-yaki par Yoshimoto Shûhô
Tasse Bizen-yaki par Yoshimoto Atsuo




Commentaires

Articles les plus consultés